LE BARON 1961 4 portes sans
montants: ... OUTSIDER |
(Cet article est paru "in
extenso" dans la revue de l'.... "The Bond" n° 75. Les photos ont
été prises au Château de Versailles)
C'est
au mois de Mars que j'ai aperçu la première annonce du futur concours d'Elegance "Automobiles
Classiques - Louis Vuitton" 1998 de Bagatelle. Sans que je l'ai
formulé expressément, l'idée de participer à ce concours me trottait par la tête
depuis quelques temps.
..... A ce moment, seules les finitions de la restauration de mon IMPERIAL n'étaient pas
encore totalement achevées. Je décidai néanmoins de me lancer un défi qui serait de
taille à me forcer à les mener à leur terme. Comme je suis du genre à "brûler
mes navires" afin de ne pas être tenté de reculer, j'annonçai bientôt à la ronde
que je présenterais cette année ma "Le Baron" à Bagatelle.... ce souhait fut
reçu le plus souvent par ce qu'il convient d'appeler une indifférence polie !
... Inconnu du monde influent de la voiture ancienne, je n'avais pas non plus de parrain
pour appuyer ma candidature. Force me fut de m'armer de courage et de bâtir un dossier
"set in stone": en béton. De l'historique connu de la voiture aux différentes
étapes de sa restauration avec, à l'appui, des photos avant, pendant et après les
travaux, j'indiquai jusqu'au nom des différents acteurs: mécanicien, peintre, sellier,
chromeur, doreur, fournisseurs sans oublier le descriptif détaillé des caractéristiques mécaniques et du châssis, ainsi que la liste des options d'époque, tout
y passa
.... Suivirent quelques mois d'attente mis à profit pour achever la cosmétique de mon
Imperial: je me mis alors à nettoyer la voiture jusque dans les moindres détails: il y a
belle lurette que j'avais abandonné les cotons-tiges comme autant de serpillères et
c'est à la loupe (prebytie quand tu nous tiens) et au dégoudronnant que je me mis à
traquer les vieilles graisses accumulées dans les coins les moins accessibles. Je fus
même jusqu'à effacer, au pinceau à DEUX poils, certaines rayures anciennes laissées
sur les parties peintes des huisseries.
....... Début Juillet, un courrier d'Automobiles Classiques" m'indiquait que ma
candidature était retenue et que la participation de mon IMPERIAL au Concours d'Elégance
de Bagatelle était attendue. Ce fut une grande joie, je redoublai d'efforts.
......
Samedi 5 Septembre 1998, j'étais à l'heure dite devant les superbes grilles des Jardins
de Bagatelle. Immédiatement une armée de vigiles s'offrit à me guider à travers des
allées qui n'ont pas été prévues ni dessinées pour le passage d'automobiles du
gabarit de mon Imperial, aussi la progression fut-elle lente, à écarter de la
carrosserie tous les branchages du chemin.
Sous les fenêtres de la "folie" du Comte d'Artois, les organisateurs me
remirent un petit sac contenant toutes les instructions nécessaires au bon déroulement
de ces deux journées. C'est alors seulement que je sus quelles étaient les autres
voitures engagées dans ma catégorie "Le Rêve Américain".
...... Toute la journée du samedi se partagea entre grand soleil et averses nombreuses:
le premier n'était présent que depuis quelques minutes lorsque les secondes venaient à
nouveau tout inonder ! Ce ballet alternatif dura jusqu'en milieu d'après-midi... Vers 18
h, je préparai la voiture à passer une nuit à la belle étoile: une fois séchée et
recouverte de sa housse, je l'empaquetai dans une grande bâche de plastique transparente.
.....La nuit fut calme en attendant le "D Day", ce dimanche 6 Septembre 1998.
Au matin j'étais de retour à la première heure afin de défaire "mon paquet"
et de peaufiner une dernière fois la voiture. A 10 h j'étais fin prêt.
En fait seules trois des cinq autres prétendantes au prix me donnaient quelques craintes.
A ma droite la FERRARI Daytona noire carrossée aux USA par Panther en "break de
chasse" attirait la foule des visiteurs et des journalistes tandis qu'à ma gauche,
"Jacqueline" le coupé de Pinin Farina sur base Cadillac Brougham 59 me donnait
plus de soucis encore.. La troisième était une CORVETTE Sting Ray qui aurait appartenu
au grand Harley J. Earl lui même; heureusement elle n'était pas au mieux de sa
présentation.
Depuis 10 h, trois jurés se penchaient sur les voitures du groupe "Le Rêve
Américain". A 11 h ce fut mon tour: tandis qu'ils examinaient ma "LeBaron"
dans tous ses détails je fus soumis à au feu roulant de leurs questions. Je pris soin de
leur indiquer tout ce qui, pour moi, rend cette automobile unique... Je leur montrai la
documentation d'époque... la caisse à outils d'époque etc... En deux mots je leur fis
le grand jeu ! Après 1/4 d'heure ils me quittèrent satisfaits, à ce qu'il sembla et se
dirigèrent vers la Ferrari. Il ne restait plus qu'à attendre le verdict.
A ce moment je pensais que l'on réunirait tous les participants comme cela se fait
habituellement pour l'annonce des résultats d'un rallye. Eh bien non ! J'appris alors,
par un ancien du concours, que l'on viendrait remettre au gagnant de chaque catégorie, le
"ticket" pour la parade automobile de l'après midi, car seules les voitures
primées seraient invitées à y participer.
Maintenant les dés étaient jetés, je n'étais pas particulièrement impatient. Vers
midi, un des très nombreux aides s'approcha de ma voiture. Il tenait une liasse de
papiers à la main, visiblement à la recherche du propriétaire. Je m'avançais. Il me
remit une feuille qui portait le numéro d'ordre de mon Imperial.
C'était là le ticket ! Mon IMPERIAL venait d'être primée au plus grand
concours français d'élégance d'automobiles anciennes. Pendant quelques
instants le roi ne fut plus mon cousin.
Le défi suivant ? Chut ..... et rendez vous dans quelques années....
Imperialement vôtre, R.L.B.F.
... The
LeBaron is the finest of America's most carefully built cars ....
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